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Dialogues de l'oeil - Page 6

  • Passe [Dialogue de l'oeil n°68]

     

    - Un ange m'a dit bonjour.
    - Ah? Et quel ange était-ce?
    - Je ne sais pas. Il n'avait pas de visage.
    - C'est impossible, les lois de la viande autour de l'os imposent un visage, même pour les anges.
    - Tout à fait, simplement lui, pour appliquer la loi, il avait pris double part d'ailes.
    - Et donc pas de visage ?
    - Non, pas de visage.

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  • Fin du monde perdue [Dialogue de l'oeil n°66]

    - Bon, elle est où, ta fin du monde?
    - Je l'ai perdue.
    - Tu perds tout, c'est incroyable, c'est comme le beau pull que je t'ai offert l'an dernier...
    - Oui... je suis désolé... je l'ai rangé avec le nouvel an...
    - Avec 2013? Tu as perdu 2013?
    - Oui!
    - Bon sang, mais s'il y avait un truc à pas perdre en même temps que la fin du monde c'était bien 2013, comme le foulard qu'allait si bien avec le beau pull que je...
    - Je suis désolé, dé-so-lé...
    - Et on va faire quoi maintenant?
    - Je sais où est le champagne, si tu veux...


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  • La lenteur [Dialogue l'oeil sur un boulevard, n°65]


    - T'as un avis sur la lenteur, toi?
    - Non. Je ne pense qu'à la vitesse.
    - À la vitesse? Alors, t'as bien un avis sur la lenteur... Hein?
    - Non. Quand C'est lent, c'est long, c'est tellement long, ça passe, ça passe doucement, ça passe tellement doucement qu'au bout du compte... j'oublie trop vite.

     

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  • L'évolution [Dialogue l'oeil, n°64]


    - C'est un truc bizarre, l'évolution.
    - Ouais, tu te dis que t'avances... même quand tu recules...
    - Tu m'fais encore le coup du prince charmant sous le crapaud...
    - Mais non. Allez, tais-toi... Et embrasse-moi.

     

    l'évolution

  • C'est le changement d'heure [Dialogue-publi-reportage de l'oeil sur un comptoir, n°63]

    - C'est le changement d'heure, grogne l'un.
    - C'est l'heure de changer de vie, dit l'autre.
    - Ou de coucou, hurle un gars au fond.
    - De ca-ri-llon... ca-ri-llon... moi j'ai un ca-ri-llon, dit le plus vieux qui bisque sur la serveuse, écroulé sur le zinc.
    - D'amis qui arrivent en retard, ajoute un beaucoup plus jeune qui s'ennuie là plutôt qu'ailleurs.
    - De moulin va trop vite, chantonne une petite fille hilare.
    - De clocher pour mettre une tour Eiffel à la place, grogne le curé qui veut démissionner depuis des années lumières.
    - C'est tout ? Bon... OK les gars, ça roule et pétarade, on garde la première. Le comité vous enverra le chèque.

    Le cameraman sort précipitamment de la salle, assommée soudain par le silence. Comme si le patron avait fermé boutique il y a des années en oubliant ses clients dedans.

    - Hé, Michel... T'as dit qu'il s'appelait comment, le comité du chèque?
    - Le comité des hobbies, un truc comme ça...
    - Pas des hobbies, bon Dieu, reprend le jeune. Des Lobbies. Des lobbies indiscernables.

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  • Le tour du monde [Dialogue de l'oeil n°62]

    - Vous allez où, Monsieur?
    - Faire le tour du monde.
    - Vous rodez, Monsieur?
    - Non, je fais le tour du monde.
    - Vous voulez venir boire un verre?
    - Non, mille excuses, je n'ai pas le temps, j'ai à faire le tour du monde.
    - L'insécurité règne ici, Monsieur.
    - Ce n'est pas grave, je ne reste pas, je fais le tour du monde.
    - Monsieur!
    - Oui?
    - C'est dans l'autre sens!

    Et le Monsieur qui tentait le tour du monde attendit la nuit, un peu plus loin, pour continuer dans le noir.

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  • La connexion [Dialogue de l'oeil n°61]

    La connexion. Le souffre. Le silence et sa littérature. L'engeance terrible des miroirs courbes. Pupille fixe, fixante.
    Être là, juste pour la forme, et s'évader.

    La connexion

  • L'absolu [Dialogue de l'oeil n°60]

    L'absolue nécessité des racines. De s'ancrer. D'attendre son eau. L'absolue nécessité de se répandre, de se croiser les branches, de s'éventrer, de suivre les couleurs de la saison. Et le soleil donne, il paraît. Le recevoir, donc, nécessité.
    L'absolu comme cœur embringué à nourrir tout ça avec passion.
    Sinon il n'est plus le cœur dit-on.

    L'absolu comme nécessité de mourir pour s'échapper.
    Oh.

    L'absolu

  • La rentrée [Dialogue de l'oeil n°59]

    - On s'en sort bien, finalement, non?
    - Oui, et en même temps, t'étais entré tout seul...
    - Arrête, c'est moi, au contraire, qui suis allé te chercher!
    - Pas du tout, t'es gonflé, c'est l'inverse, et même que tu ne voulais pas sortir!
    - Jamais de la vie! je voulais rester un peu plus, c'est vrai, tant qu'à faire d'être entré par ta faute, mais seulement et simplement pour profiter du point de vue!
    - C'était TON point de vue, et ça le reste.
    - Ah non, c'était le nôtre, souviens-toi!
    - Certainement pas, moi j'ai fermé les yeux sur tout ça.
    - Bon, en fait, je me suis trompé: on n'en est pas sorti. Pas du tout.
    - Non. Pourtant on a fait des efforts. Alors, comment ils vont faire, les autres qui veulent rentrer?

    la rentrée